For having given, on June 2, an interview by satellite with the private French-speaking Israeli channel i24news, the French-Lebanese writer and academic Amin Maalouf is suffering a violent smear campaign in the Lebanese press. Walif Chbeir wrote a piece for Lebanews regarding the situation, republished below. 

Below the the piece, in its entirety, from Lebanews.

Amine Maalouf et la Colonisation des esprits au Liban

Question de lynchage, la presse francaise est un cas d’école et devrait donc commencer par balayer devant sa porte. Il n’y a pas de quoi s’étonner qu’Amine Maalouf puisse avoir une certaine accointance avec les milieux israéliens. Quand on compare cet évènement à la collaboration qui prévaut dans certains milieux au Liban, Amine Maalouf apparait un enfant de coeur. Cette agitation médiatique d’aucuns qualifient de lynchage n’est donc qu’une tempête dans un verre d’eau. Le problème, à mon avis, est plus profond et dépasse le cadre de la personne d’Amine Maalouf qui est toutefois révélateur.

Maalouf qui a l’âme certes littéraire, mais infiltré depuis sa tendre enfance par la colonisation francaise, ne fait que se soumettre naturellement tel que les pères jésuites le lui ont inculqué dès sa tendre enfance, comme d’ailleurs à un pan entier de la jeunesse libanaise, à coup de punitions sous forme de signal (*) dans la cour de récré.

D’ailleurs, il n’est pas différent dans cela des élites arabes, approuvées et homologuées francais à Paris tel que Najat BelKassem, pour ne citer qu’elle. Il est quand même un des meilleurs élèves, si ce n’est le meilleur, couronné pour cela immortel sous la coupole. Il est évident qu’un équivalent littéraire à Muhamad Ali ou à l’humoriste Dieudonné n’aurait jamais imaginé, même dans ses rêves les plus fous, d’y mettre le pied.

C’est juste que Amine Maalouf a grandi dans un liban « muticulturelle, joyau et suisse du Moyen-Orient » (sous entendre chrétien et prooccidental). C’est peu dire. Ces complexés de l’Occident voient même aujourdhui Beyrouth comme le “Williamsburg du Moyen-Orient” et comme une ville dans laquelle la communauté LGBT (lesbian, gay, bisexual and transgender) trouverait “ des dynamiques sociales créatrices ” (!!! Sic !!!) car “le Liban ferait exception dans la région” (resic).

Pour comprendre, il suffit de remonter à la source. Le système éducatif libanais vanté pour ses mérites, sur la base de critères occidentaux, perpétue avec zèle l’ère coloniale, avec beaucoup plus d’efficacité, à mon avis, qu’ailleurs dans les anciennes colonies ainsi que le suivisme , sans gêne, de ce modèle, de sorte que les jeunes, encouragés par leurs parents et motivés par la recherche d’opportunités de travail et par la poursuite, à la mesure de leurs ambitions, de hautes études à l’étranger, malmènent et degradent souvent leur langue maternelle au profil de l’anglais et du français non sans afficher une certaine condescendance envers leur environnement naturel teinté souvent d’un racisme au mieux ordinaire.

Il s’agit souvent, dans ce cadre de figure, d’une certaine classe (n.f. et non l’adj.) de Libanais dont le bien-être est de se démarquer de leurs frères arabes en imitant, parfois mieux que l’original, le modèle occidental. Aussi, cette catégorie libanaise, happée à l étranger uniquement par l’objectif de réussir, ne lève le petit doigt pour défendre une certaine idée du monde arabe et donc du liban vu dans ce prisme.”

Pire, leur élite, celle qui a trouvé une place au bord de la Seine collabore ou reprend servilement toutes les idées coloniales ou néocoloniales reçues ou véhiculées sur nous ( y compris le cliché du Liban Suisse du Moyent-Orient. Pourquoi alors la Suisse ne serait elle pas le Liban de l’Europe ?). À titre d’exemple, la différence est flagrante entre Amine Maalouf et Alain Finkelkraut, tous deux membres de l’académie française.

Le premier renvoie à un Libanais docile et reconnaissant ne remettant rien en question dans la politique de son bienfaiteur, épousant même les courants dominants de la pensée qui emportent aujourdhui la société francaise.

Le deuxième, par contre, vindicateur et dominateur renvoie à l’hégémonie de sa communauté. J’imagine qu’Amine Maalouf appartient à cette catégorie de libanais dont l’idéal était à une certaine époque la langue française. Langue respectable par ailleurs. La langue et la cause arabes devraient être par déduction, les derniers de ses soucis. Il n’est donc pas étonnant que le système qui prévaut au liban puisse générer quelque part ce genre de profil.

Il génère des collabos, aussi.

* Le SIGNAL: Témoin que se passent les élèves dans la cour de récré, comme dans une course de relais. Ce signal est « passé » à celui qui est entendu, en flagrant délit de parler arabe plutôt que français. Le dernier qui a reçu le signal et qui n’a pu le refiler se verra infliger d’une punition.

Walif Chbeir